De quelle justice avions-nous besoin, avons-nous et aurons-nous à mettre en oeuvre?

Tous réclamons avec autant de passion que d'intransigence, le devoir de rendre justice aux victimes et mettre fin au paradis d'impunité. Hélas notre légitime soif de justice est aveugle à ses dérives et aux tragédies qu'elle alimente. Des innocents sont «doucement» et silencieusement détruits de différentes façons ignobles et cyniques, que d'aucuns s'emploient à justifier. De peur de laisser filer un seul suspect ou un criminel inconnu, on perd de vue les droits des innocents et les principes fondamentaux du droit, à savoir la présomption d'innocence, l'équité du procès et l'irréfutabilité de la preuve.

Nous sommes pressés de condamner et exécuter. Nous aliénons notre dignité. Les crimes contre la vie et la dignité humaine sont imprescriptibles. Car les tragédies évoquées sont irréparables. Seule la dignité perdue est récupérable, avec sagesse et patience. C'est à cette fin et à la prévention que notre soif sera noble et constructive. Nous devons vaincre les passions et les illusions de certitudes, notamment d'être juge et partie ou de présomptions de culpabilité. Ceci nous concerne tous, Hutu et Tutsi ou Twa, Rwandais et véritables amis du Rwanda, humanistes.

La Justice sur laquelle nous misons est basée sur la compassion envers les victimes, les suspects et les coupables. Elle est fondamentalement réconciliatrice. Dans la lumière de ce que nous ignorons et qui pourtant est vrai, nous saurons voir la voie du juste, afin que plus jamais la Justice commète les crimes qu'elle est sensée réprimer.

La peine de morte sous toute ses formes et toutes autres dégradantes sont proscrites. Tout humain a droit à une seconde chance et il nous incombe comme société, d'assurer qu'il ne constitue plus une ménace à la vie, à la dignité et aux droits humains.

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